La Colonie

Citation :

Comme je te l'ai dit, je compte reprendre contact avec la maître d'armes spécialisé en tir à distance avec qui je m'entrainais autre fois ...

Citation :

Oki, fais un test de chance ainsi que pour la lanceuse de couteaux.

Le soleil se levait tandis que Aegor se réveillait enfin.
Le voyage depuis callichiria l'avait épuisé. Courbaturé de sa nuit sur une simple paillasse, le maître d'arme se forçat à se relever et se rafraichir. Le broc d'eau sur la table de nuitée était remplie d'une eau fraiche et pure. Débarbouillé et pleinement réveillé, il entreprit ses habituels étirements matinaux à l'extérieure de la cabane. Il enchaîna alors peu à peu des mouvements de plus en plus amples et vigoureux sans pendre le temps d'admirer le point de vue.

Alors qu'Aégor, torse nu, transpirait en faisant ses assouplissements, Maelle restait assise sur les genoux. Elle était sortie quelques minutes avant le maître d'arme et s'était installée sur l'à pic du rocher sur lequel Claudius avait installée la cabane. Elle tenait son épée de garde coda devant elle. Les bras tendus. Faisant fi de la douleur, elle méditait sur son statut de coda et ses devoirs en tant que tels. Rapidement ses pensées l'amenèrent sur ses devoirs vis-à-vis d'Aegor. Le zélote ambitieux était devenu un dragonewt ! Selon les légendes -et les traités qu'elle avait juste eu le temps de consulter- un dragonewt était un esprit dragon en formation qui réalisait une véritable ascension spirituelle. Pour cela il DEVENAIT un être possédant tout le savoir possible d'une époque sur un sujet ou un domaine particulier. Lorsqu'un dragonewt était trop matérialiste ou empreint d'une envie d'aider et protéger autrui... il devenait alors un tyran abominable... il devenait alors la quintessence des valeurs opposé à Callichiria et ses divinités. Et le rôle initial des codas de Tirasline avait été de vaincre ses abominations. Elle devra donc peut être tuer Aégor.

Cette cabane était la plus haute et la plus septentrionale des maisons de la colonie. Difficile d'accès, elle avait l'avantage de donner un sacré point de vue. Au pied de la cabane, 30 mètres plus bas sur un autre à pic, une cabane de surveillance permettaient à deux guerrières zélotes et cinq codas archères de surveiller les alentour sur 200°. Une autre cabane du côté adret veillait sur l'angle mort.
Tout le long de la crête, des cabanes de bois possédant aussi des toits pentus s'alignaient et donnaient asile et protection aux familles zélotes. Chaque cabane était comme incrustée dans la terre. L'un des pans du toit se confondait toujours avec le sol. Souvent les brebis venait brouter sur le toit des maisons les mousses et herbes qui y poussaient.
La colonie était déjà fort étendue sur l'ubac de la montagne. Elle accueillait ainsi près de six cents familles et 100 codas archères. Au pied de la montagne solitaire, on ne voyait que des entrepôts, des fournils et les deux casernes codas. Des fumées s'échappaient déjà des deux forges de la colonie et des nombreuses boulangeries. Les codas étaient en train de faire leurs entrainements et les travailleurs les plus matinaux commençaient à sortir, prêt à travailler pour le bien de tous. La vie des zélotes si actifs reprenait. La dernière des trois murailles circulaires était à demi-achevée. Depuis cinq mois seulement la seconde enceinte était terminée. Les trois murailles avaient des entrées décalées mais des chemins d'accès rapides permettaient de passer de l'une à l'autre. Pour l'heure ces enceintes étaient de lourdes palissades faites de troncs d'arbres. Elles étaient surélevées grâce au fossé creusé en deçà d'elles et chaque porte était défendue par deux tours tenues réciproquement par un couple de coda et un couple de zélotes.

Une sorte d'aqueduc permettait de ramener du flanc est de la montagne des eaux chaudes vers un seul therme public. Dans les années futures, chaque maison sera sans doute équipée mais pour l'heure... Bien sûr, s'être placé près d'un volcan avait été matière à bien des discussions mais l'habitude des thermes était trop forte. Les zélotes étaient toutefois divisés sur leur investissement dans cette colonie passible d'une mort brusque de par la présence du volcan.

A ce moment là, Cati et le sicaire regardaient disparaître au loin la coda Apex qui rentrait sur callichiria.

[voilà j'ai placé les PJ au point de départ. Dès maintenant vous pouvez vous lâcher mais si possible laisser à chaque joueur le possibilité de répondre au moins une fois avant de rassembler les pjs. Ainsi chacun pourra donner et son ton et lancer ce qui l'intéresse beaucoup. ]

Bon débarras. C'est peut-être une excellente maîtresse mais elle n'a aucune compassion pour les autres. Mes amis, je vais travailler au centre d'entraînement afin de retrouver quelques uns de mes confrères. On se revoit dans l'après-midi. A plus.

Aegor avait besoin de passer un peu de temps seul. Ces deux dernières années ont étaient pleines de rebondissement, de retrouvailles agréables sur fond de guerre et de missions. Il se demandait s'il méritait tout ça et surtout si, au fond de lui, il avait réellement demandé tout ça. Alors que sont esprit divaguait dans ses pensées, ses jambes le menait vers le centre d'entrainement. En chemin, il se dit qu'il se ramollissait et il se mit à courir, son épée de Pandora, sa lance de Pandora en octofer pur ne le quittait jamais, de même que son bouclier en acier (sic !!!). Tout ce matériel pesait sur lui, rendant son entrainement plus dur mais il aimait ça: connaître les limites de son corps. NON ... il n'était pas maso, juste curieux.

Lorsqu'il arriva sur place, trois maître d'armes dispensait déjà leur cours. Apparemment, un quatrième groupe composé de six Zélotes s'entrainait dans un coin, ne dépassant guère l'âge requis pour pouvoir prendre les armes. Aegor fût étonné par la structure du groupe: une magicienne, deux archers et trois guerriers. Il semblait s'entendre correctement dans la chorégraphie de leur mouvement, affrontant de ennemis imaginaires mais que pouvaient-ils donner face à un véritable combattant ???

Holà, gamins. Peut-être désirez-vous un adversaire à votre taille ? Le ton se voulait ferme mais pas autoritaire. Aegor voulait les blesser dans leur orgueil qui était, le plus souvent, le point faible de tous guerriers.
Immédiatement, l'un d'entre eux s'avança vers lui: nous serions ravis de suivre votre leçon maître d'armes mais vos chances de nous battre à six contre un sont inexistante.
BINGO. Le chef de groupe (officiel) venait de se révéler en donnant, comme souvent, l'attitude de celui qui se croit supérieur. Aegor le savait, il avait était comme cela jadis mais son partenariat de mission avec Claudius lui avait appris l'humilité car, à l'époque, il était bien meilleur combattant que lui. Aujourd'hui, il voyait plutôt ça comme une complémentarité entre les deux amis.

Soit fût tout ce qui sortit de la bouche d'Aegor lorsqu'il passa à l'attaque. Sa première attaque envoya valdinguer la magicienne à plus de quatre pas alors la boule de sa lance se planta dans les parties intimes du pseudo chef de groupe. La fulgurance du coup de lame de la lance fut stupéfiante, se logeant directement dans l'épaule d'un des archers qui c'était trop approché. Aegor jeta littéralement son bouclier sur le deuxième guerrier dans le but de gagner du temps et il dégaina son épée, abandonnant momentanément sa lance. Face à lui le guerrier à la hache chargea alors que l'archer encochait déjà sa flèche (et pas une d'entrainement !!!). Il fallait réfléchir vite et bien, Aegor fonça vers le guerrier à la hache et, d'un pas latéral habile, esquiva le Zélote ce qui lui permit de se retrouver à moins de trois pas de l'archer: il n'aurait pas le temps de l'atteindre avant qu'il décoche sa flèche !!! Le guerrier à la hache fit volte-face alors que l'archer décocha sa flèche: Aegor fut transpercé en plein poumon et posa un genou à terre alors que la hache du guerrier se posait sur son épaule:

Vous avez perdu mon seigneur !!! et les deux amis se mirent à éclater de rire. Alors que la magicienne commençait à se relever elle leur cria Attention !!! mais il était déjà trop tard. Aegor attrapa le bras du guerrier et le propulsa par dessus son épaule en direction de l'archer. Les deux amis se retrouvèrent au sol et Aegor récupéra son épée pour se jeter sur eux.
Sa blessure le tiraillait quelque peu mais il savait que cela ne le gênait pas trop en combat. Il lui faudrait cependant faire attention pendant les deux ou trois jours qui suivrait. Pour le moment, il lui restait deux Zélotes à neutraliser. Lorsqu'il avança rapidement sur le guerrier, celui-ci se projeta (grâce notamment à son ami) en arrière sur Aegor. Ce dernier porta un violent coup de garde sur le rein droit de son adversaire tout en passant sur le côté gauche afin de se rapprocher de l'archer. Quel ne fut pas sa stupéfaction lorsqu'il vit celui-ci au côté de la magicienne. Celle-ci avait utiliser un petit sortilège afin de ramener son compagnon auprès d'elle soit à plus de huit mètres maintenant.
Aegor analysa rapidement la situation, l'archer avait encoché une autre flèche et la magicienne se préparait à lancer un autre sortilège. Il était mal et il le savait, neutraliser la magicienne ne serait pas bien dur mais la flèche qu'il recevrait le blesserait trop grièvement pour qu'il puisse continuer le combat et son bouclier se trouvait derrière lui. Le dernier guerrier c'était-il fait assommer par son attaque de bouclier ou avait-il fait semblant durant tout se temps ? Il n'avait pas le temps d'y penser et, pour l'heure, il ne lui restait que sa botte secrète mais il préférait ne pas s'en servir tout de suite. Il se lança alors vers l'archer en attaquant de nouveau la magicienne pour l'envoyer valdinguer à plus de dix mètres et cette fois, pour de bon. Aegor sentit deux vives et brèves douleurs: la première était provoquée par la flèche qui se logea au niveau de sa cuisse gauche et la deuxième dans son dos, probablement une hachette. La blessure à la cuisse le fit basculer en avant et il dut faire une roulade avant de se réceptionner sur ses jambes. A deux mètre de lui, l'archer encocha sa troisième flèches mais il n'eut pas le temps de tirer, l'épée de Pandora coupant l'arc en deux alors que le revers de lame (la seconde attaque) brisa la mâchoire de l'archer. Deux autres douleurs vinrent s'ajouter dans le dos du héros détruisant probablement le peu d'armure qu'il lui restait.

Trois blessures dans le dos, une à l'épaule gauche, et une à la cuisse gauche. Il restait une guerrière spécialiste du lancer (qui avait fait semblant d'être assommé pour mieux attaquer de derrière) et le premier qui commençait à se reprendre ses esprits. Six contre un certes, mais six débutants tout de même ... NON NON NON, il ne devait pas penser avec son orgueil car il perdrait son combat et perdre n'était pas dans ses habitudes... NON NON NON, ça aussi c'était de l'orgueil mal placé.
Du bluff !!! Ce n'était pas sa spécialité mais il pouvait tenter !!! Il abaissa sa lame sur la gorge de l'archer qui tenait sa mâchoire fracturé:

[b]Jetez vos armes à terre et abandonnez, où il mourra ...[/b]. Les deux amis se regardèrent et pendant quelque secondes, propice à Aegor qui se régénéra grâce à ses pouvoirs de la nature, le doute s'installa.
Aegor était puissamment bâti et la démonstration d'encaissement dont il avait fait preuve lui donnait un net avantage. Lorsque celui-ci regarda alentour, il s'aperçut que les autres maîtres d'armes s'étaient arrêtés pour évaluer le niveau du héros et il ne semblait pas très impressionnés. Un groupe de codas au repos avait même prit quelques paris sur l'issue du combat. Un groupe de magiciens voulaient s'approcher pour soigner les blessés mais Aegor les en dissuadas d'un subtil geste de la main qui montrait le sort de la magicienne, évanoui quelques mètres plus loin.
Ne m'obligez pas à utiliser ma dernière technique pour vous botter les fesses... Sur ces derniers mots, les deux amis abandonnèrent leurs armes, s'agenouillèrent et reconnurent leur infériorité.

Vous ne m'êtes pas inférieur mes amis. Passons aux soins et je vous expliquerez pourquoi vous avez échoués. Soignez les enfants s'il vous plait.

Aegor regarda les spectateurs et il était fier de son métier. Il aimait son peuple et encore plus lui apprendre à se défendre et c'est pourquoi son métier l'emplissait de fierté et de bonheur.
Les maîtres d'armes lui montrèrent un signe de tête qui indiquait qu'ils avaient appréciés le cours avant de repartir avec leur groupe. Les codas se dispersèrent, les unes charriant les autres sur leur gain. Quelques anciens du conseil s'assirent pour regarder la fin du cours, le Dragonewt étant toujours une source de nombreuses questions. Le héros retira la flèche de sa cuisse et referma le gros de sa blessure (grâce à ses subtils pouvoirs) avant de s'asseoir, demandant à ses "élèves" de se positionner en arc de cercle autour de lui. Les paroles suivantes redonnèrent quelques peu le moral aux enfants:

Vous avez combattu bravement et je dois vous dire que je ne pensais souffrir autant. Vous serez tous de grands protecteurs des Zélotes mais il vous manquent quelque chose d'essentiel si vous voulez survivre: PROTÉGEZ-VOUS. Je conçois que la victoire est importante mais si vous perdez la moitié de votre effectif pour vaincre un adversaire, aussi puissant soit-il, cela n'en vaut pas la peine. Peut-être un jour l'un de vous devra se sacrifier pour sauver les autres mais cela ne doit être que votre dernier choix. Vous devez apprendre à travailler ensemble, à vivre ensemble, à penser ensemble. La force d'un guerrier n'est pas dans son bras mais dans le guerrier qui l'accompagne.

Le cours dura quelques minutes de plus, pendant lesquels les enfants burent ses paroles comme du petit lait.

Je vois que tu fais l'apprentissage à mes élèves Aegor, peut-être pourrais-je en profiter également ?

Aegor se figea sur place lorsqu'il attendit la voix mélodieuse de celle qui hantait ses rêves depuis longtemps et qu'il désirait serrer dans se bras depuis tout ce temps. Il était revenu, entre autre, pour elle et il sentit tout son corps se crisper au son de sa douce voix, lui rendant impossible une torsion de la tête pour l'observer... Lorsqu'elle passa devant lui, pour s'assoir, Aegor fut surpris par la vision qui se porta à ses yeux ...

Journal intime de cathy

Citation :

Trop fort !

Hier Claudius m'a permise de l'accompagner dans un truc de fou ! Nous sommes allés vaincre un Dieu ! Un vrai ! C'était... Je vais commencer par le début ! Ça vaut le coup !

Le truc c'est que je t'avais déjà raconté que la fois où j'avais dépouillé le mage troglodyte, j'avais vu une gigantesque chauve-souris avec une aura magique bizarre. Hé bien Claudius m'a alors posé plein de questions et m'a révélé que c'était une divinité !

Il est alors parti pour la légendaire Callichiria voir LA REINE. T'imagines ? Je rêve qu'il m'amène un jour … ce serait génial ! La reine du peuple dragon !

Enfin quand il est revenu, il m'a annoncé qu'avec Maelle et Aégor, ils allaient 'effacer' la divinité et que j'allais les accompagner et même les guider pour trouver la grotte divine !

Au départ de notre expédition, ce fut bizarre. Claudius avait vérifié tout mon équipement, au cas où. Il est si trognon quand il fait attention à moi comme ça.
On a alors vu arriver le trogloyte. Pas plus grand que moi, la peau, les yeux et ses rares cheveux étaient blancs comme du lait. Il n'avait qu'une petite dague mal entretenue à la taille et portait les habits bizarres de son peuple : un genre de très long tissu qui l'emmaillotait complètement. Rouge en plus... comme quoi ces mecs ont vraiment pas de blem avec les grosses bêtes du coin. J'ai engagé tout de suite la conversation même s'il était vraiment pas un joli mec. Pas de bol, il parlait pas le zél. Et moi, leur truc guttural qui leur sert de langue, j'entrave que dalle. Enfin, on s'est fait des signes et tout pour se comprendre. Mais j'ai pas du réussir à bien lui raconter l'histoire du poissonnier, du lapin et la prostituée. Il a pas rigolé. Ou alors on a pas le même humour.

Ensuite une archère coda nous a rejointe. Elle était ravissante avec sa belle chevelure ondoyante et sa taille si fine. Je la connaissais car parfois on se tombe dessus en entrainement. Elle est cool mais bavarde comme une pierre. On a papoté un peu sur l'arrivée dans le coin d'un serpent géant. Les zélotes voulaient le tuer. Les codas voulaient le repousser. Claudius proposa de le bouffer !!! On a bien rigolé.

Là un zélote éclaireur est arrivé. C'était Démétrius. Je t'en est déjà parlé et je l'aime pas alors on passe.

C'est là que Aégor est arrivé. Il me terrifie. Il a encore blessé gravement des gens lors d'un entrainement. Il est brutal et il regarde les gens comme s'ils étaient tous des adversaires. Soit t'es pas un combattant et il te méprise soit tu sais te battre et il veut alors te démolir. Mon maître m'assure que je n'ai rien craindre. J'avoue que j'ai du mal à m'en convaincre. Il est venu armé d'une lance, d'un bouclier, d'une épée, d'une dague, d'une armure et d'un équipement complet d'expédition... ce type est monstrueusement fort.
Claudius et lui on alors parlé des potions. Mon maître s'est débrouillé pour trouver un truc de malade qui nous a permis de voir dans l'obscurité totale. En fait ça nous permettait de voir la chaleur elle-même !

Et là elle est arrivée. Maelle. Tu peux pas l'imaginer ! Elle est incroyable. Elle chevauche un hippogriffe. C'est un exploit même pour son peuple. Je l'ai vu faire des tirs avec son arc... impossibles ! Elle est musclée mais si féminine ! La classe... j'espère que je serai comme elle : belle, respectée et sans peur.

On est parti et j'ai discuté avec le troglo. Bon je parlais pour deux mais bon... c'était sympa. On s'est engouffré dans la grotte en laissant l'hippogriffe dehors, il était trop imposant pour nous suivre.
Là ce fut dur, je devais me rappeler le chemin, escalader des corniches super dures et tout et tout. Je rigole. C'était quand même vachement plus facile que ma sortie en solo. Je n'étais plus seule et je n'avais plus de problème de torche vu qu'on voyait super bien. Grâce au sort de vol, Claudius nous a permis d'aller plus vite. Maelle nous a rassuré par son aisance et sa tranquillité et Aégor déblayait les passages comme si les rocs étaient de simples morceaux de graviers!

On a vite retrouvé l'antre de la chauve souris. Près de deux cents personnes priaient jusqu'à l'épuisement. Ils se tenaient devant elle et venaient d'une galerie côté est. La divinité leur faisait face mais elle se tenait par les pattes sur le plafond. Comme une chauve souris, logique, non ? Y'avait une autre galerie face à elle mais plus haut sur la paroi.
Les types ont tellement prié que la chauve souris a pu créer une horde de squelettes dans la galerie supérieure. Et un terrible combat a alors été entendu.

J'ai réussi à faire un sort de caméléon à tout le monde sauf Aégor vu que lui la magie elle lui fait rien. Claudius à pu voir alors tout ce qui se passait et revenir nous raconter.

Une main coupée posée sur un autel sur le flan de la paroi émettait tellement de magie que cela expliquait pourquoi la nature n'avait pas repéré et détruit la divinité plus tôt. Le plan a été fait.
Tout le monde allait attaquer à distance la divinité depuis la corniche tandis que je gardais en contrôle mon sort de caméléon pour nous protéger. Claudius allait combattre par une lutte de magie pure tandis que Maelle allait jouer de l'arc.

Aégor, lui, a chargé la chauve souris. Mais il était devenu un dragon. Non je rigole pas ! Un vrai dragon ! Plus gros et plus fort que la divinité ! Elle a pas fait un pli. Tu parles tu verrai la mâchoire d'un dragon et ce que ça fait comme dégâts son souffle enflammé ! A mon avis sans l'aide de Maelle et de mon maître il aurait gagné. Avec eux ce fut une ballade. Et tu sais quoi ? Je n'ai jamais vu quelque chose de plus beau qu'un dragon ! C'est incroyable, on se sent si minuscule et pourtant si... bien, si fière... C'est pas possible de te dire ce que j'ai ressenti mais fais moi confiance c'est purement génial.

Tout les disciples ont fui sauf ceux qui ont péri écrasés lors du terrifiant combat. Une grande partie des parois ont en effet volé en éclats et vu qu'ils s'étaient un peu roulés partout... Par télékinésie mon maître a récupéré la main magique. Perd pas le nord lui, c'est ça être sicaire !

On est ensuite allés dans la galerie supérieure. Les squelettes créés par la chauve souris avaient été réduits en poussières dès que la divinité avait périe. Les types à la peau noire et aux peaux de bêtes qui avaient tenus tête à la chauve-souris en protégeant le fort ont alors mis le genou à terre devant Maelle. En fait ils auraient reconnu en elle une véritable coda d'il y a 2000 ans! Je te le disais qu'elle avaitla classe ! Ensuite on est allé dans la petite maison au sein de la forteresse que ces types avaient protégés.

Un type est prisonnier là dedans depuis la grande guerre. Il est vivant, en bon état mais attaché par de l'octofer et une rune de puissance. Mon maître m'a clairement expliqué que ce type était non seulement un démiurge métamens mais aussi qu'il était un des pires ennemis de Tirasline lors de la guerre... Alors qu'ils étaient incroyablement sûr d'eux pour attaquer un dieu, je les ais senti à la limite de la panique à cause de ce type. Ils parlaient même d'en appeler à la reine callichirienne et à Tirasline lui-même. Mon maître semblait plus serein mais il n'a rien dit.

Aégor avait choisit. Sa quête véritable, l’ultime, celle qui ferait de lui un véritable Drago Nobilis.

Il allait trouver les Wyvernes et libérer ainsi les Drago nobilis du pacte les empêchant de venir sur le continent. Il savait que sa quête avait amené d’anciens Dragonewt à la mort ou à l’abandon : un abandon si honteux aux yeux du zélote qu’il ne pouvait l’imaginer. Pourtant il était enjoué ! Il s’imaginait l’annonçant à la reine callichirienne. Elle serait si fière de lui ! Lui, Aégor partait libérer les leurs de ce stupide et injuste pacte imposé par Tirasline, la divinité la plus timorée du panthéon. Il se voyait trouver dans la grande bibliothèque calli un subtil indice que nul n’avait jamais relevé. Il rêvait des terribles dangers et des obstacles effrayants qu’ils vaincraient ! Et la victoire enfin !

Fébrile, joyeux et remonté à bloc, Aégor avait annoncé à ses compagnons avec joie et fierté sa décision. Il fut horriblement déçu et blessé par leur réaction.

La gamine fut la seule à être joyeuse car ils allaient voyager dans le monde entier. Mais elle ne pouvait imaginer l’importance de cette quête ni n’avait, en fait, de lien véritable avec lui.

Maelle, toujours aussi belle et rabat-joie, avait fait une remarque acerbe et minable. Une nouvelle fois, selon elle, l’esprit étriqué du zélote l’avait encore amené à suivre la plus rude et la plus sanglante des quêtes possibles. Avec elle, il aurait du prendre la quête du confectionneur de la plus grosse tarte à la rhubarbe !!!

Mais la douleur d’Aégor venait surtout de la réaction de Claudius. Pour ce dernier, sa quête était vouée à l’échec. Il argumentait même en osant lui expliquer pourquoi !
Aucun d’eux ne voyait la beauté d’une telle quête ! Aucun ne comprenait qu’il s’agissait avant tout d’une question de foi ! Lui, il croyait en son étoile. Il savait qu’il pouvait atteindre les plus grands exploits ! Il était un zélote et avait réussi à devenir un véritable dragonewt ! Il était la clé de cette ignoble prison qui réduisait les dragons à un exil honteux !

Fâché et désireux de ne pas laisser ces ’gagne petit’ briser son élan, Aégor décida de cacher ses plans. Il annonça qu’il devait prévenir lui-même la reine callichirienne. Bien sûr, cela n’était pas nécessaire mais il avait envie de la revoir, de retrouver quelqu’un qui aurait la même foi en la libération des Drago nobilis ! De plus cela lui permettrait d’atteindre la grande bibliothèque des callichiriens.

Aégor persuada ainsi ses compagnons de retourner sur Callichiria.

Maelle avait du hausser le ton et devenir menaçante. Elle avait refusé à la jeune apprentie de Claudius la possibilité d’entrer à Callichiria.

La jeune apprentie sicaire avait donc du faire halte, seule et déçue, dans une vieille forteresse en ruine de la vallée des hippogriffes. Jusqu’au retour du groupe elle allait devoir les attendre. La Coda avait néanmoins demandé à son hippogriffe de protéger la jeune fille car elle était un menu de choix pour ses congénères.

Les trois compagnons, éreintés, avaient ainsi rejoint le palais de la reine. Tandis que les zélotes allaient demander audience à la reine, la coda Maelle allait voir l’ordre de Tirasline. Elle tenait à les prévenir que la nouvelle quête d’Aégor était certainement le pas de trop, irrémédiable, vers l’ombre… Elle tenait à les prévenir : elle allait tuer le dragonewt au moindre doute !

Aégor était ravi ! La reine, les yeux brillants, avait magnifiquement réagit ! Cette petite femme boulotte aux cheveux blonds pailles hirsutes avait félicité le maître d’arme de sa victoire contre Sethrou, la divinité Chauve-souris, et l’avait maintes fois complimenté sur son choix de quête. Il est triste qu’elle oublia complètement les compagnons du maître d’arme lors de ses éloges. Même Claudius, pourtant présent, fut oublié par la reine trop enthousiaste à l’idée de l’accomplissement de la quête des Wyvernes.

Lorsque Aégor demanda la possibilité de consulter la grande bibliothèque, la reine s’empressa de lui donner son accord. La reine elle-même et trois de ses prétoriennes accompagnèrent les zélotes jusqu’à l’éblouissante bibliothèque qui contenait des ouvrages plus vieux que la mémoire humaine.

Le bâtiment était un imposant édifice de pierre. Son cercle parfait était pourvu de cinq grandes entrées sans portes. De grandes tables et bancs permettaient à une vingtaines d’étudiants de compulser des incunables et des parchemins. Le centre était constitué d’un comptoir faisant le tour complet d’un quadruple escalier grimpant à l’étage supérieur. Nul ne pouvait atteindre les ouvrages hormis les bibliothécaires qui montaient et descendaient les escaliers. Eux seuls pouvaient accéder directement aux trésors de la bibliothèque.

L’entrée de la reine fit sensation. Tous regardaient avec stupeur le groupe. Les prétoriennes sentinelles devinrent en un instant sur leur garde. Le grand bibliothécaire, Bainns, lui-même vint accueillir au comptoir la délégation. Le vieux calli dégarni et vêtu de la grande toge orange semblait soucieux.

« Reine Soro, c’est un honneur pour la Bibliothèque de vous accueillir en notre sein ! Vos pages coursières sont toujours les bienvenues chez nous mais vous voir en personne chez nous est un immense bonheur. »

La reine minauda d’un petit rire :
« Bainns, vous êtes toujours aussi courtois ! Je vous remercie de votre accueil. Voyez-vous mon ami, le jeune homme que voici est Aégor, Zélote invitia. Son compatriote est le sorcier invitia Claudius. Ils ont une quête importante. Cruciale. Veuillez les aider au mieux en mettant à leur disposition entière un des bibliothécaires. L’accès à tous les ouvrages historiques doit leur être total ! »

Le visage rougeâtre du bibliothécaire devint pâle et sec.

« Ma reine… Je… je suis désolé. Les ouvrages sont interdits aux invitia. Je ne saurais… »

Le regard de la reine flamboya. La colère embrasa ses traits. En un instant la jeune reine candide et sans relief apparut dans toute sa puissance. L’aura de magie brute qui irradia d’elle assombrit l’édifice entier. Un froid intense irrita les bras et jambes nues.

Le visage des prétoriennes étaient marqué par la colère ! Elles ressentirent comme un affront le rappel à la loi du grand bibliothécaire. Gathéji, la sentinelle la plus jeune des trois présentes était réputée pour sa foi véritable en sa mission de protectrice et cela se sentit !

« Bainns, tu oublies à QUI tu parles !! Tu n’es qu’un Calli et tu vas exécuter comme un ordre la demande de la reine. Un ordre vital pour toi ! Je suis claire ? Refais moi une telle ignominie et je te massacre sur place ! Obéis vite avant que j’en finisse avec toi ! »

Le vieil homme était pétrifié. Gathéji venait de libérer et empoigner sa hache de combat. Il sentait de la haine dans le regard et les paroles de la jeune femme. Ses yeux cherchèrent du secours mais les autres prétoriennes avaient le même visage de pierre marqué d’un regard meurtrier. La reine avait les yeux fermés. Elle semblait contenir avec grand peine une explosion de colère aussi fantastique que fatale pour tous. La peur tétanisa le vieux cœur de Bainns. Il était perdu.

L’une des prétoriennes fit alors un spectaculaire bond par dessus le comptoir. Elle fut en un battement de cœur au côté de Bainns. Doucement, d’une voix sèche et menaçante, elle chuchota au grand bibliothécaire :
« Soit efficace et donne vite et bien tes ordres ou je te coupe en deux ! »

Aégor était stupéfié. La reine devait être bien laxiste pour que le vieux grigou est osé la remballer ainsi ! Un sourire éclaira son visage. Il venait de penser avec humour que le type était devenu aussi gris que ses parchemins !

Claudius observait avec inquiétude la réaction des usagers et des autres bibliothécaires. Ils étaient inquiets mais ils semblaient aussi offensés par l’attitude des prétoriennes… Il avait observé aussi que trois codas fixaient le groupe. L’une d’elle s’avança.

« Prétorienne. Je suis Millo Tariss, éclaireuse du 22e régiment des hauteurs. Je te demande de repasser de ce côté-ci de la bibliothèque. Les lois sont claires et je sais que tu ne voudrais pas que nous en appelions à un commissaire. »

La réponse fusa de la prétorienne à la lance : « Occupe toi de tes fesses ! Retourne plutôt dans tes montagnes ! Nul ne peut s’attaquer à la reine par les gestes ou la parole ! »

« Bien. Prétoriennes ! En vertu des lois callichiriennes, j’en appelle à la garde du royaume ! »

Non seulement les codas dégainèrent leurs armes mais deux simples usagers se levèrent et s’armèrent de chaises !

Un silence pesant sembla s’éterniser.

Les codas étaient tendues. Seule Millo Tariss était une combattante véritablement à la hauteur. Les autres seraient balayés ! Les prétoriennes eurent un rictus.

« Cela suffit. »

D’une voix blanche, la reine fixa le vieil homme.

« Je vous avais demandé un service. Il était important pour moi. Vous avez refusé. Je sais le danger que recèle nos ouvrages pour le monde. Je sais que les lois de callichiria protègent notre royaume et le monde dans son entier. Je demandais juste une entorse. Légère car ces invitia ont ma confiance et cela aurait du être suffisant.

Vous voulez que je sois une reine qui vous écoute avec confiance, pardonne et soit tolérante. Et vous, vous demandez que les lois soient appliquées quand MOI je demande de la tolérance et de la confiance !

Soit. Je ne suis pas au dessus des lois… plus personne ne va l’être dans ce royaume.

Gathéji ! Convoque toutes les apex et les commissaires. Je les veux tous au palais ce soir. »

Dans un silence gêné, la reine suivie des prétoriennes et des deux zélotes quittèrent la grande bibliothèque.